Salut à tous !

L’excitation est palpable, l’ouverture c’est samedi !!! Le temps prévu ne sera pas au beau fixe ici, question d’habitude :), mais la joie de se retrouver au bord d’une rivière, dans un cadre sauvage et préservé, bercé par le doux bruit de l’eau qui coule entre les roches en granit, même pour une heure ou deux, lancera la saison ! 

J’ai souvent entendu que « le meilleur moyen de préserver la truite, c’est de ne pas la pêcher » !!! S’il n’y avait que la pêche de menaçante pour nos rivières, on serait bien tranquille, mais c’est un autre débat… Bien évidemment, ma passion pour la pêche n’adhère pas à cette idée, et la pêche de la truite est une activité certes réglementée, mais autorisée, alors oui pêchons là, mais surtout respectons là ! De plus, en prendre soin, comprendre son mode de vie, aidera dans la perspective de vivre encore de nombreuses ouvertures… Et d’un point de vue personnel, j’ai bien envie de faire découvrir cela à mon fils, né il y a un an (voir l’article « ouverture truite 2018 : atypique ! « ), ayant beaucoup de mes meilleurs souvenirs avec mon père vécus à la pêche de la truite !

Cet article n’a pas pour but d’être moralisateur, loin de là, et bien au contraire, mais plutôt d’informer le pêcheur sur certaines bonnes pratiques pour préserver au maximum notre camarade de jeu ainsi que son milieu et sa descendance.  La truite est plus fragile que le sandre ou le bar et supporte beaucoup moins bien les manipulations. Je vais donc essayer de vous exposer ce que j’applique au maximum, dans la mesure du possible, lorsque je pêche la truite, directement tiré de mon expérience personnelle et enrichie par des lectures mises en application, testées et pratiquées. 

  • Eviter le Wading au maximum

Une fois pondus, la durée d’incubation des oeufs de truite fario est de 350 à 420°C / jour… Cela signifie que, avant d’éclore, les oeufs vont passer environ 40 jours dans une eau à 10°C (40 jours x 10°C = 400°C/jours, valeur moyenne) dans le substrat. Donc si une truite pond le 1er janvier, les oeufs vont éclore environ 40 jours plus tard, aux alentours du 10 février. Une fois les oeufs éclos, les alevins restent encore environ 300°C/jour dans le substrat de la rivière, à l’abri, et se nourrissent de leurs réserves vitellines jusqu’à résorption totale du sac vitellin. Donc, toujours dans une eau à 10°C, il faut rajouter 30 jours au 10 février pour ne plus trouver d’alevins qui s’abritent dans le substrat, qu’il quitte pour de nouvelles aventures.

Alevin qui vient d’éclore, le sac vitellin dont il se nourrit entièrement est bien visible ! (source photo: wikipedia)

10 Février + 30 jours = 12 mars environ….. Sachant qu’en hiver, les températures hivernales des rivières du Finistère oscillent en moyenne entre 7 et 10°C, et que les pontes des truites s’échelonnent d’octobre à janvier, on peut potentiellement trouver des oeufs et alevins dans le substrat jusqu’à mi avril pour des pontes tardives dans des eaux froides sans exagérer. Si on ajoute à cela un taux de survie de ces alevins allant de 1 à 3%, vous comprendrez donc qu’il faut éviter de marcher dans la rivière à l’époque de l’ouverture de la truite, notamment dans les zones peu profondes avec des substrats de graviers fins, favorables aux pontes… Ce sont souvent ces radiers qui sont choisis par les pêcheurs pour traverser les rivières et aller décrocher son poisson nageur à 15€ dans l’arbre d’en face !!!! Faire le tour d’une telle zone élimine un risque… Historiquement, il apparaissait dans les arrêtés préfectoraux d’ouverture et de fermeture de la pêche l’interdiction de pêcher en wading avant le 1er Mai dans les eaux de 1ere catégorie. Cette mesure est aujourd’hui désuète, et c’est le plus souvent (sauf règlement intérieur spécifique) au bon vouloir du pêcheur.

  • Armement des leurres

Les triples hameçons et les ardillons ne sont pas appréciés des truites, poissons fragiles. L’idéal est de passer sur des hameçons simples sans ardillons, sur les cuillers comme sur les poissons nageurs et autres leurres souples, ou encore sur les hameçons utilisés pour la pêche aux appâts naturels… On en trouve aujourd’hui de toutes les tailles, et à tous les prix, d’Ali Express aux Decoy, il y en a pour tous les goûts !! Dame Fario vous remercie déjà ! Voir l’article « Poissons nageurs truite et hameçons simples : mes correspondances »

  • Manipulation des belles aux points rouges

Vous ferrez une truite et elle arrive jusque dans vos pieds. Vous essayez de la décrocher car vous ne souhaitez pas la garder. Il est possible de la décrocher dans l’eau, pas de manipulation, le simple fait d’attraper l’hameçon piqué suffit à décrocher le poisson ! Et s’il a le malheur de se planter dans votre doigt, il n’y a pas d’ardillon… ça pique, certes, mais on peut continuer à pêcher, expérience vécue plusieurs fois !! Pour la photographier, il est préférable de manipuler un minimum la truite, ce avec la main mouillée, afin de ne pas abimer sa fine couche de mucus qui la protège de certaines maladies et microbes entre autres, et de la décrocher à ses pieds dans l’eau sur le bord. Voici quelques exemples de photos qu’il est possible de faire avec ces contraintes !

Appareil photo étanche de préférence, et le lacet autour du poignet !!! Quant au portable, dans une coque étanche aussi dorénavant, j’en ai laissé quelques uns tomber… 🙂
Posée dans l’eau, sous son meilleur profil 🙂 🙂 🙂

A deux c’est plus facile si vous voulez le « selfish » !! Quand la truite est dans vos pieds au bout de la canne, ou mieux dans l’épuisette, mieux vaut la laisser dans l’eau le temps que le pote prépare son appareil photo, et quand il est prêt, une caresse sous le ventre avec les mains mouillées, on présente près de l’eau pour éviter une chute trop haute en cas de mouvement, clic et retour à l’eau… Temps d’exposition hors de l’eau, 5 secondes. J’ai pratiqué cela, à deux, et c’est le meilleur moyen si on veut immortaliser sa prise sans engendrer de manipulations superflues.

A deux, poisson conservé dans l’épuisette, quand le pote est prêt, on présente mains mouillées juste au dessus de l’eau, un petit sourire, photo, puis relâche !!! Truite d’été de Haute Savoie !

J’avoue avoir « relâché » quelques jolis poissons dans des conditions mauvaises, à trop vouloir le selfish, ou suite à de mauvaises manipulations que j’aurai pu éviter. On progresse, on tire des enseignements, mon partenaire de jeu avant tout.

Vivement samedi !!!
  • L’épuisette

D’une manière générale, les épuisettes avec un filet à noeuds ne sont pas celles qui préservent le mieux le mucus des poissons. En effet, chaque noeud de maille représente une aspérité qui « gratte » le poisson lorsqu’il se débat dans l’épuisette, abimant ainsi le mucus. De même pour les épuisettes avec un filet nylon, celui ci est rigide et cinglant, et susceptible de marquer le poisson. Eviter tant que faire se peut des mailles trop grandes, afin d’éviter que la truite ne se retrouve coincée dans une maille, au risque de la marquer. Utilisant peu l’épuisette dans le Finistère dû à la faible taille moyenne des poissons que j’arrive à prendre, considérant que c’est un facteur potentiellement à risque pour la truite, et si vous avez des conseils sur la matière idéale composant le filet, je suis preneur ! 😉

  • Respect d’autrui et du milieu

On l’entend souvent, ne pas casser les clôtures, respecter les propriétés dans lesquelles on pêche. C’est sur qu’un bon vieux barbelé quand on se ballade en waders n’est pas le bienvenue ! Mais il faut garder en mémoire que si l’on peut se rendre au bord des rivières, sur des terrains privés, c’est parce que l’AAPPMA du secteur détient en théorie un bail avec le propriétaire desdits terrains privés, permettant ainsi le passage de ses pêcheurs adhérents et réciprocitaires. Je comprendrai aisément un propriétaire qui dénonce le bail car il répare sa clôture 10 fois par ans, ou pire, qui retrouve son cheval ou autre sur la route !!!!!! C’est un droit qu’ils nous laissent, souvent sans contrepartie, autant le préserver ! Il en va de même pour ses déchets, que ce soit boites de vers, perruques de fil, paquets d’hameçons ou reliefs de sandwichs, nul besoin de laisser cela derrière nous, les treillis ou gilets ou sacs de pêche contiennent bien assez de poches pour y mettre tout ça !

Encore une fois, ce n’est pas un article voué à faire la morale ou à donner une leçon, il est là pour informer. Je pêche la truite depuis que j’ai 5 ans, 30 ans de « truitage » assidu derrière moi, j’ai eu l’occasion d’en tester des choses !!! Certains d’entre vous, en lisant cet article noyé dans la masse parmi tant d’autres similaires en cette période, y penseront peut être au bord de l’eau et appliqueront certaines de ces préconisations, alors l’objectif aura été atteint. En respectant certaines pratiques en faveur du poisson et de son milieu, la pêche de la truite en no kill prend alors tout son sens. Cela n’empêche pas d’en conserver une de temps en temps pour la déguster !!

Je vous souhaite à tous une belle ouverture, pleine d’émotions et de futurs beaux souvenirs ! A bientôt !

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